Articulations

Douleurs articulaires : l’ANSES alerte sur la consommation de glucosamine et de chondroïtine

L’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) alerte sur la composition des compléments alimentaires contenant de la glucosamine et/ou de la chondroïtine après que son protocole de nutrivigilance ait mis en avant un nombre de cas d’effets indésirables non négligeable.

Etat des lieux

Traditionnellement vendus et utilisés pour diminuer les douleurs ou améliorer la “souplesse” des articulations, les compléments alimentaires ainsi que les médicaments contenant de la glucosamine et/ou de la chondroïtine semblent dominer le marché du confort articulaire (GOVital Chondroflex, GCA 2700, Chondrostéo) .
Ils représentent d’ailleurs plus de la moitié des produits que nous avons inclus dans le comparatif qui leur est dédié.

Ces deux molécules sont naturellement synthétisées par l’organisme et sont indispensables à la formation et à la bonne santé de nos tendons ou du cartilage de nos os.
Dans les compléments alimentaires, la glucosamine est généralement présente sous forme de sulfate ou de chlorhydrate de glucosamine issus de crustacés.
De son côté, la chondroïtine est présente sous forme de sulfate de chondroïtine principalement extraite des tissus de bovins, de porcs ou encore du cartilage de poissons ou d’ailerons de requin.

Concernant les preuves scientifiques, les dernières revues d’études soulignent le manque de travaux de qualité et une hétérogénéité dans les résultats obtenus.
On ne peut pas aujourd’hui annoncer formellement que ces molécules sont plus efficaces qu’un placebo, surtout sur le long terme.
Les compléments alimentaires à base de glucosamine, de chondroïtine ou l’association des deux molécules ne peuvent d’ailleurs prétendre soigner l’arthrose ou aider au “maintien d’une ossature normale”.

Quels effets indésirables ont été observés ?

Depuis une dizaine d’années, l’ANSES a mis en place une procédure de signalement des effets indésirables pouvant être entraînés, entre autres, par les compléments alimentaires.

Ce dispositif, appelé nutrivigilance, a permis entre 2009 et février 2018 de recenser 74 déclarations d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de glucosamine et de chondroïtine.
Sur les 23 ayant été analysées, les effets indésirables, parfois graves, les plus fréquemment rapportés sont des troubles digestifs (nausées, diarrhées), des douleurs abdominales (ballonnements, spasmes), des éruptions cutanées, des démangeaisons, des hépatites ou des purpuras (lésions hémorragiques de la peau).
Des changements de valeur de l’INR (marqueur de la coagulation du sang) ou de la glycémie (taux de sucre dans le sang) ont aussi été observés.
Selon la classification de l’ANSES, près de la moitié seraient “très vraisemblablement” ou “vraisemblablement” imputés à la prise de compléments alimentaires à base de glucosamine ou de chondroïtine.

Certains, comme l’apparition de troubles digestifs et dermatologiques, étaient bien connus puisque la surveillance des médicaments (pharmacovigilance) contenant ces molécules (Chondrosulf, Structum, Voltalfex, Structoflex...) avait de son côté permis de recueillir près de 400 cas d’effets indésirables de ce type (environ 100 pour la glucosamine et 300 pour la chondroïtine) entre 1985 et février 2017. Aujourd’hui, ils semblent aussi être mis en avant aux dosages observés dans les compléments alimentaires.

Qui doit éviter de prendre de la glucosamine ou de la chondroïtine ?

De ces constats, l’ANSES a mis en évidence l’existence de “populations spécifiques” pour lesquelles la prise de compléments alimentaires à base de chondroïtine ou de glucosamine peut présenter un risque.

Ce sont :

  • les personnes diabétiques ou pré-diabétiques,
  • les asthmatiques,
  • les personnes traitées par anti-vitamine K,
  • les personnes présentant une allergie alimentaire aux crustacés ou aux insectes,
  • les personnes dont l’alimentation est contrôlée pour le sodium, le potassium ou le calcium (ces produits en contiennent),
  • les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants (manque de données sur la sécurité)

Par la même occasion, l’agence sanitaire rappelle aux consommateurs qu’il est préférable de demander un avis médical avant de consommer des compléments alimentaires et de signaler l'apparition d’effets indésirables.

Les alternatives à la glucosamine et à la chondroïtine

Un peu plus de 50% des compléments alimentaires de notre comparatif contiennent de la glucosamine et/ou de la chondroïtine. Difficile donc d’y échapper.

Il est clair que l’écrasante majorité de ce type de produit ne semble présenter qu’un faible intérêt et offrir un niveau de preuve d’efficacité plutôt bas.

L’inconfort articulaire et notamment les douleurs liées à l’arthrose restent cependant pesants au quotidien et nombreuses sont les personnes souhaitant tout de même avoir recours à ces compléments alimentaires pour au moins “essayer”.

Parmi les compléments alimentaires sans glucosamine ni chondroïtine, nous avons sélectionné :

Par Flavien, préparateur en pharmacie,
le mardi, 02 avril 2019

Mis à jour le vendredi, 26 avril 2019

Références

01 - Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif « aux risques liés à la consommation des compléments alimentaires à visée
articulaire contenant de la glucosamine et/ou de la chondroïtine sulfate». 04 janvier 2019.
02 - Liu, Xiaoqian & Machado, Gustavo & Eyles, Jillian & Ravi, Varshini & Hunter, David. (2017). Dietary supplements for treating osteoarthritis: a systematic review and meta-analysis. British Journal of Sports Medicine. 52. bjsports-2016. 10.1136/bjsports-2016-097333.
03 - EU Register of nutrition and health claims made on foods, EFSA