Articulations
Traitement de l’arthrose : glucosamine, chondroïtine, curcuma, MSM... Où en est-on vraiment ?
L’arthrose touche environ 10 millions de personnes en France,qui, peut-être comme vous, ne souhaitent plus prendre d’anti-inflammatoires et ne savent plus quoi penser des compléments alimentaires disponibles en pharmacie.
Nous avons trouvé nécessaire de faire le point sur les traitements actuels en nous appuyant sur la littérature scientifique disponible.
Glucosamine et chondroïtine : efficace ou pas efficace ?
Ces molécules font partie de la famille des AASAL, pour Anti Arthrosiques Symptomatiques d’Action Lente. Ce sont des composants naturels du cartilage de nos articulations. Elles ont connu leurs heures de gloire puis ont été très largement critiquées lors de la publication d’études cliniques contradictoires.
Efficacité sur les symptômes de l’arthrose
L’efficacité de ces traitements est mise en avant notamment lors d’études cliniques où l’on administre par exemple aux patients de la glucosamine, de la chondroïtine, l’association des deux, un anti-inflammatoire classique ou un placebo (substance inerte). Les patients n’ont en aucun cas connaissance du traitement qui leur est administré. Après plusieurs semaines (le délai est défini dans l’étude), la réponse aux traitements est en général mesuré grâce à l’index WOMAC. Il s’agit d’un questionnaire portant sur l’importance de la douleur, de la raideur articulaire ou des difficultés à réaliser certaines tâches quotidiennes (monter les escaliers, se pencher en avant…). Le patient doit alors répondre à chaque question en se situant sur une échelle de 0 (nulle) à 4 (extrême) ou de 0 à 100 mm (échelle visuelle).
Que déduire de ces études ?
Ce qui ressort de ces études, c’est une efficacité symptomatique, bien qu’assez modeste, de ces molécules par rapport au placebo, notamment dans les cas d'arthrose modérée à sévère.
Les résultats n’apparaissent qu’après 4 à 8 semaines de traitement et il devient par ailleurs plus difficile de dégager des effets symptomatiques propres à ces molécules.
A noter que l’association glucosamine / chondroïtine semble apporter les meilleurs résultats.
Pour conclure, ces molécules possèdent certainement une réelle efficacité, bien qu’aléatoire, sur le soulagement de la douleur et l’amélioration de la mobilité. La glucosamine, la chondroïtine et leur association méritent tout de même d’être testées si l’on considère leur bonne tolérance comparée aux anti-inflammatoires et leur capacité à en diminuer la consommation.
Il faudra tout de même veiller à ce que votre état de santé ne nécessite pas la mise en place de solutions médicales et, si le traitement est alors entamé, de ne pas l’arrêter avant 1 mois et demi, voire deux mois avant de conclure sur son efficacité..
Efficacité sur le ralentissement de l’arthrose
Là aussi ce sont les études cliniques qui tranchent. Elles consistent en la mesure de l’interligne articulaire (distance entre les extrémités osseuses d’une articulation) qui se retrouve diminuée lors de l'apparition d’arthrose. La qualité méthodologie pour effectuer ces mesures est très souvent critiquée par les spécialistes et il est difficile d’en déduire un réel effet de la glucosamine ou de la chondroïtine sur la structure du cartilage et donc le ralentissement de la maladie. Toutefois, une étude de 2014 réalisée sur 605 sujets ayant reçu pendant 2 ans 1500 mg de sulfate de glucosamine, 800 mg de sulfate de chondroïtine ou l’association des deux molécules précédentes, a montré une diminution de l’interligne articulaire plus lente que pour le placebo.
Que déduire de ces études ?
La dernière étude évoquée met en avant l’efficacité de ces Anti Arthrosiques Symptomatiques d’Action Lente, notamment l’association de glucosamine et de chondroïtine qui montre un résultat significatif par rapport au placebo.
Toutefois, il faut noter que le ralentissement observé est de l’ordre de 0,03mm (Chondroitine) à 0,1 mm (Glucosamine + Chondroïtine). Nous devons donc nous poser la question du réel bénéfice sur la qualité de vie du patient que peut procurer un résultat de cet ordre de grandeur.
Pour conclure, même si l’efficacité de ces molécules dans la prévention de la maladie arthrosique est loin de faire l’unanimité, et à juste titre, envisager leur utilisation reste une alternative “orale” possible compte tenu de leur bonne tolérance et des effets symptomatiques associés. Votre état de santé et l’avancement de la maladie devront tout de même être pris en compte pour s’assurer qu’une solution médicale n’est pas à privilégier.
L’efficacité du curcuma dans le traitement de l’arthrose
Cette plante originaire d’Asie est utilisée pour son rhizome (racine), qui, une fois séché et réduit en poudre, s’utilise notamment comme épice en cuisine.
Aujourd’hui, la recherche attribue au curcuma, et surtout à la curcumine qu’il contient, de multiples vertus dont des caractères anti-inflammatoires exploitables dans le traitement de l'arthrose.
Que dit la recherche ?
L’efficacité de cette plante a été mise en avant dans de nombreuses études, qu’il s’agisse de tests en laboratoire (in vitro) ou bien d’études cliniques (en conditions réelles).
Ces dernières ont montré un effet du curcuma correspondant à celui de l’ibuprofène sur des critères de douleurs ou de qualité de vie du patient (marche, escalier) ainsi qu’une baisse de marqueurs sanguins anti-inflammatoires.
Qu’en déduire ?
Si le curcuma semble être efficace dans la prise en charge de certains symptômes liés à l’arthrose, il faudra cependant relever que les dosages qui ont été nécessaires lors des études cliniques sont de l’ordre de 1,2 à 2 grammes de curcuma par jour. Ce sont des doses relativement élevées que les compléments alimentaires disponibles sur le marché atteignent rarement.
Il est aussi important de noter l'existence de formes de curcuma plus “évoluées”, comme par exemple les phytosomes de curcuma ou curcuma phospholipidique, qui possèdent de meilleurs capacités d'assimilation. Ces formes, où la plante est associée à des phospholipides de soja, peuvent donc apparaître dans la composition de vos compléments alimentaires à des dosages plus faibles que du curcuma “traditionnel”. Il faudra donc garder à l’esprit qu’il faut environ 9 fois moins de complexe que de curcumine pour atteindre la même absorption.
Pour finir, même si nous avons vu que les doses de curcuma employées dans les compléments alimentaires sont bien inférieures à celles des études cliniques, l’effet anti-inflammatoire de cette plante reste tout de même clairement montré, et sa bonne tolérance comparée aux anti-inflammatoires en font une alternative sérieusement envisageable dans le traitement symptomatique de l’arthrose..
Attention tout de même à la qualité du produit (dosage en curcumine ou/et présence de phytosome de curcuma) et aux interactions avec votre état de santé et votre traitement déjà en place.
Du MSM pour moins souffrir ?
Le Méthyl Sulfonyle Méthane communément appelé MSM est un composé soufré, véritable source de soufre organique. On le trouve à l’état naturel dans le lait, les fruits de mer, la viande ou encore le café. Le soufre qu’il est susceptible d’apporter contribuerait au maintien d’un bon fonctionnement des articulations.
Et que dit la recherche ? Le MSM est-il efficace ?
Plusieurs études cliniques ont été menées ces 10 dernières années. Des doses de MSM allant de 500 mg à 6 g par jour ont été administrées à des patients sur une durée de plusieurs semaines. La douleur ressentie ainsi que l’aptitude à exercer certaines activités ont été évaluées et comparées à l’état initial.
Les résultats semblent converger vers une efficacité du MSM sur les symptômes liés à l’arthrose du genou. Cependant, une analyse de plusieurs centaines de données nuance sa conclusion en soulignant le fait que même si le MSM conduit à une réduction globale de la douleur, l’écart statistique de ses effets contre placebo reste relativement faible.
A noter qu’une étude clinique a également montré qu’un apport de MSM associé à la glucosamine était efficace dans le soulagement des symptômes liés à l’arthrose.
Qu’en déduire ?
Comme souvent, il est difficile de comparer les doses apportées par les compléments alimentaires et celles administrées lors des études cliniques. Malgré tout, et même si c’est de façon modeste, le MSM semble être efficace dans la prise en charge de la douleur et de la diminution de la fonction physique chez les personnes souffrant d’arthrose.
L’utilisation d’un complément alimentaire associant MSM et Glucosamine semble être judicieux si l’on envisage le recours à cette molécule.
Le silicium : science contre témoignages
La recherche...
Le silicium est un minéral très présent sur terre. Il peut prendre plusieurs formes. Celle qui nous intéresse ici est le dioxyde de silicium (ou silice) extrait le plus souvent de plantes telles que l’ortie ou la prêle. Il entre notamment dans la composition du collagène et joue donc un rôle dans le bon maintien des tissus conjonctifs (comme par exemple la capsule articulaire).
Nous pourrions donc, en partant de cette observation, justifier son utilisation dans le traitement de l'arthrose que nous qualifierons de “traditionnelle”.
Mais c’est au niveau des résultats d’études cliniques qu’il devient difficile de défendre l’efficacité de la silice pour soulager les symptômes liés à l'arthrose. Les effets bénéfiques rapportés par les nombreux utilisateurs sont très abondants, mais aucune preuve scientifique ne justifie l’intérêt d’une telle supplémentation.
Qu’en déduire ?
Nous nous arrêterons aux preuves scientifiques dans le but de rester objectif et en déduisons donc que le dioxyde de silicium, ou bien silice, ne présente pas un grand intérêt dans la prise en charge des patients souffrant d’arthrose. Si vous souhaitez avoir recours à cette molécule, privilégiez un complément alimentaire qui l’associe à d’autres actifs.
Nous notons aussi la guerre idéologique (et commerciale) au sujet du silicium dit “organique G5” qui sévit sur le web. Nous ne prendrons pas part au débat mais souhaitons tout de même attirer votre attention sur le nombre de contrefaçons et d’allégations douteuses qui concernent ce produit fortement controversé.
Du collagène pour l’arthrose
Ce que dit la recherche :
L'hydrolysat de collagène est relativement bien étudié. Cette protéine présente notamment dans nos cartilages a fait l’objet de plusieurs études cliniques essayant de mettre en avant son potentiel à soulager les symptômes ressentis par les personnes souffrant d’arthrose.
Des patients ont reçu entre 1,2 et 10 g d'hydrolysat de collagène (selon les études) ou un placebo pendant 6 mois. On a ensuite mesuré l’évolution de la douleur ressentie.
Les résultats montrent que l’hydrolysat de collagène réduit légèrement la douleur, y compris ceux concernant l’étude dont la dose journalière était de 1,2 g. Cette dernière conclut que des travaux supplémentaires seraient nécessaires pour appuyer les résultats.
D’autres études ont tenté de montrer l’efficacité de 40 mg de collagène non dénaturé UC-IIⓇ qui paraît être efficace, et même plus que l’association glucosamine/chondroïtine. Ces deux études sur l’homme n’ont cependant chacune concerné qu’une cinquantaine de patients (dont 55 sans antécédents d’arthrose avec seulement une douleur à l’activité physique).
A noter qu’il ressort que l’apparition des effets dus à la prise de collagène nécessite une prise d’au moins trois mois.
Que faut-il en penser ?
Le collagène semble bien toléré et relativement efficace dans la prise en charge des symptômes liés à l’arthrose. Toutefois, il est nécessaire de relever que les doses d'hydrolysat de collagène administrées aux patients participant aux essais cliniques sont bien plus élevées que dans la majorité des compléments alimentaires du marché. Dans certains cas, l’effet attendu devient donc discutable et il paraîtrait alors judicieux de choisir un supplément proposant soit une association d’actifs (comme par exemple la vitamine C), soit du collagène non dénaturé dosé à au moins 40 mg.
Harpagophytum et cassis, historiquement efficace !
La phytothérapie reste incontournable dans la prise en charge de l’arthrose. Des plantes comme l’harpagophytum (griffe du diable) (Harpagophytum procumbens) utilisée pour sa racine et le cassis (Ribes nigrum) utilisé pour ses feuilles ou ses bourgeons, ne possèdent pas d’allégations (indications) officielles mais sont traditionnellement utilisées. Les propriétés de l’harpagophytum sont par ailleurs reconnues par l’EMA, agence du médicament européenne.
L’expérience dans l’utilisation de ces substances ainsi que les résultats d’études disponibles devraient donc suffir à justifier leur utilisation.
Toutefois, il faudra veiller à bien faire attention aux doses de molécules actives que contiennent vos suppléments. Par exemple, pour l’harpagophytum, on contrôlera notamment le dosage en harpagosides (famille des iridoïdes). C’est quelque peu technique mais cette démarche vous assurera la qualité de votre complément alimentaire.
Attention, certains fabricants n’indiquent pas ce type de valeur. Nous vous invitons à consulter notre comparatif qui reprend ces données.
Remarque générale : ces études ont été réalisées sur des localisations arthrosiques bien précises, le plus souvent au niveau du genou. Il est donc difficile d’étendre ces résultats à d’autres articulations.
Bien choisir son traitement pour l'arthrose et le confort articulaire
L’équipe de souslaboite.com a recensé les études cliniques portant sur la glucosamine, la chondroïtine, le curcuma, le MSM et les autres molécules utilisées dans le traitement de l’arthrose. Nous vous proposons ainsi un guide d’achat et un comparatif des produits de vos pharmacies et parapharmacies pour vous informer, mieux consommer et faire des économies.
Par Flavien, préparateur en pharmacie,
le lundi, 03 octobre 2016
Mis à jour le vendredi, 26 avril 2019